11 septembre 2009 : Phèdre - ouverture des répétitions avec Frédéric Fisbach

sur cette photo Emilien Tessier et Laure Mathis en lecture


Frédéric Fisbach travaille à partir de la première version du Phèdre de Racine : celle ponctuée pour être dite par les comédiens. Le Racine devenu politicien reponctuera ses pièces pour en faire "littérature" et qu'elles soient dites "dans la tête".

Frédéric Fisbach a retravaillé le texte pour dégager des moments de pause, des passages où les comédiens auront à élever la voix; mais l'indication principale donnée par le metteur en scène est de "descendre" et en quelque sorte s'effacer par rapport au texte.
Emilien Tessier reconnaît avoir déjà appris le texte, mais cherche maintenant à l'oublier : en commençant une phrase il faudrait ne pas en connaître à l'avance sa résolution mais s'ouvrir à toute possibilité d'irruption, d'accident heureux
Frédéric Fisbach entend interroger ce "Classique" a priori figé et gravé dans le marbre et en faire rejaillir la vie et la poésie. Le travail du comédien ne serait pas simplement d'apprendre de longs textes mais de rechercher sa fibre d'interprête et de ne pas verrouiller le texte à un sens unique.

Le jeu des comédiens ne doit alors pas forcément passer par la compréhension du texte si la volonté est d'aller à la rencontre, à la recherche de sens inconnu, d'explorer les musiques et sens possibles. Frédéric Fisbach reprend à son compte la formule de Claudel "l'oeil écoute" pour justifier le travail de lecture. Laure Mathis se laisse ainsi porter sur chaque mot à une émotion différente, entrecroisant rires et pleurs dans une même phrase pour exprimer le doute, la fragilité et l'inconfort de son personnage.
Les spectateurs reconnaissent avoir regarder avec les oreilles et le fait que les comédiens descendent et recherchent une musique à minima, conduit les spectateurs à rentrer dans cette musique et du coup dans une écoute particulière, permettant de s'ouvrir à ce qui va au delà du texte.

Frédéric Fisbach, assisté de Julien Fisera, place les spectateurs devant un grand écran sur lequel est projeté le texte; avec ce dispositif le spectateur se dédoublerait presque, puisqu'en lisant le texte en même temps que le comédien, le spectateur construit son propre sens via sa musique intérieure et parallèlement entend le comédien qui surprend par ses pauses d'abord inattendues puis reconnues et par son phrasé à minima ou ses intonations ouvertes... En se dédoublant, le spectateur pourrait entendre les deux Racine en même temps...